Une employée de Chronodrive risque le licenciement pour un tweet

22 mars 2021 à 8h38 par FARGIER Emilie

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Sa franchise et son engagement syndical vont-ils lui coûter son emploi, qui servait notamment à payer le loyer de son logement étudiant? Rozenn Levêque, une Toulousaine de 19 ans, a été mise à pied le 6 mars par l'entreprise Chronodrive, en vue d'un possible licenciement après un an de CDI dans le magasin du quartier Basso-Cambo, à Toulouse (Haute-Garonne).

Selon cette étudiante en première année de sociologie à l'université Jean-Jaurès, cette procédure intervient pour des raisons syndicales et à la suite de son engagement récent pour défendre des collègues victimes de sexisme et de harcèlement moral. Officiellement, la direction de la société, filiale du groupe Auchan, justifie cette mise à pied en évoquant un message de la jeune femme publié sur Twitter, dénonçant le gaspillage alimentaire de l'enseigne.

"Mdr ça va les mitos ? Je travaille à #Chronodrive, je vous dis même pas combien d'aliments on nous force à jeter simplement parce que l'emballage est un peu abimé. Et on peut même pas les récupérer sinon on est accusé de vol. Très écolo Chronodrive dit donc".

70% des contrats de cette entreprise sont des étudiants, en grande difficulté avec la crise sanitaire et cela nous rend malade de voir tout ce que l'on doit jeter. C'est ce tweet que me reproche la direction, mais ce n'est qu'un prétexte. On me sanctionne aujourd'hui pour avoir monté la première section CGT dans les Chronodrive, afin de défendre les droits des salariés, et surtout d'avoir accompagné deux personnes lors d'entretien pour du harcèlement moral et du sexisme.

De son côté, la direction de Chronodrive dément catégoriquement avoir entamé cette procédure de licenciement pour un autre motif que le "dénigrement des actions RSE". "Cela porte atteinte à l'image commerciale et constitue une violation de l'obligation contractuelle de loyauté vis-à-vis de son employeur, indique-t-elle. Pour l'entreprise, le dénigrement public de son engagement auprès de la Banque alimentaire est un motif grave qui justifie la procédure disciplinaire engagée. Ce partenariat de plus de dix ans est en effet un élément fort de la politique RSE de Chronodrive."

Une pétition, lancée par la section CGT Chronodrive, circule actuellement sur change.org pour soutenir Rozenn et lever toutes les sanctions à son encontre. Ce dimanche, elle avait déjà récolté plus de 19 000 signatures, dont celle de la comédienne Corinne Masiero. Déterminée à défendre Rozenn, la section syndicale appelle à une manifestation pour défendre Rozenn le 27 mars à 15 heures, devant le magasin Chronodrive de Basso-Cambo.