Un insecticide dangereux pour les abeilles bientôt réintroduit

26 août 2020 à 6h45 par La rédaction

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Le ministère de l'Agriculture a annoncé jeudi 6 août sa volonté de modifier la législation durant l'automne pour autoriser les agriculteurs à utiliser de nouveau des semences de betteraves enrobées d'insecticides interdits depuis 2018, les néonicotinoïdes. Cette dérogation devrait courir de 2021 à 2023, au plus tard, et pourrait permettre de pérenniser la filière sucrière française. Mais ces insecticides s'attaquent au système nerveux des insectes et donc des abeilles. C'est pour cette raison qu'ils avaient été bannis.

Les planteurs de betteraves français alertaient depuis plusieurs semaines au sujet de la situation de la filière sucrière, démunie selon eux face aux pucerons verts, presque immanquablement vecteurs du virus de la jaunisse qui fait s'effondrer les rendements. La récolte est prévue cet automne. Mais le syndicat spécialisé CGB, affilié à la FNSEA, a déjà estimé que la France produirait « 600 000 à 800 000 tonnes de sucre » en moins cette année faute de solution face à la jaunisse.

Garantir les rendements

Soutenu par des élus locaux et nationaux, le syndicat demandait de pouvoir recourir à nouveau aux néonicotinoïdes pour protéger les plantes des pucerons et garantir les rendements. "Le gouvernement reconnaît l'impasse dans laquelle sont les agriculteurs. Il faut avancer maintenant très vite pour avoir une loi", a réagi auprès de l'Agence France-Presse le président de la CGB Franck Sander. "Les producteurs se sont engagés pour que toutes les précautions soient prises afin que la dérogation soit circonscrite", soulignent dans un communiqué les syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes Agriculteurs.

Ces annonces sont de nature à sécuriser les semis de betteraves pour la campagne 2021/2022 pour le deuxième groupe sucrier mondial (marque Béghin Say). En face, le président de Générations futures François Veillerette dit sa colère. "La France avait été exemplaire et, là, on recule", a-t-il déploré auprès de l'Agence France-Presse.