Le médicament Androcur suspecté d'augmenter le risque de tumeurs au cerveau
Publié : 4 septembre 2018 à 14h30 par La rédaction
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Cytotec, Mirena, Essure... Ces dernières années, les femmes ne sont pas épargnées par les scandales sanitaires. Et il se pourrait que le prochain porte le nom d'Androcur (acétate de cyprotérone), un médicament indiqué chez la femme dans le traitement de certaines maladies hormonales, et qui manifeste par une augmentation du système pileux.
Ce dérivé de progestérone, commercialisé par Bayer, est soupçonné d'augmenter le risque d'apparition de méningiomes, des tumeurs cérébrales qui pour la plupart se révèlent bénignes, mais peuvent laisser des séquelles. Un risque déjà connu et mentionné dans la notice du médicament depuis 2011 après un signalement à l'échelle européenne lancé par la France en 2009.
Des risques multipliés par 20 après 5 années de traitement
Afin de préciser la relation entre la prise du médicament et le risque de développer cette pathologie, une récente étude pharmaco-épidémiologique a été menée par l'Assurance maladie en coopération avec le service de neurochirurgie de l’hôpital Lariboisière. Ainsi, les résultats de l'étude "suggèrent que le risque de méningiome est multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement", explique le communiqué. "Cette étude a été réalisée sur 250 000 femmes exposées au cyprotérone, en comparant celles qui ont reçu de fortes doses (plus de 3g sur 6 mois, soit au moins 3 boites, puis poursuite du traitement) à celles faiblement exposée (moins de 3g sur 6 mois, soit une ou deux boites, puis arrêt du traitement). La survenue d’un méningiome chez ces femmes a donc été surveillée pendant 7 ans", précise-t-il.
Un médicament déjà contre-indiqué en cas de méningiomes
Depuis sa modification en 2011, la notice d'Androcur indique une contre-indication en cas d’"existence ou antécédents de méningiomes". Une mise en garde précise que "des cas de méningiomes (simples et multiples) ont été rapportés en cas d’utilisation prolongée (plusieurs années) d’Androcur à des doses de 25 mg et plus par jour. Si un méningiome est diagnostiqué chez un patient traité par androcur 50 mg, le traitement devra être arrêté." De plus, une mention dans la liste des effets indésirables indiquent que "des cas de méningiomes (simples et multiples) ont été rapportés en cas d’utilisation prolongée (plusieurs années) d’Androcur à des doses de 25 mg et plus par jour". L'ANSM précise que "les données de la littérature scientifique montrent que les méningiomes liés à la prise de cyprotérone régressent, pour la plupart, à l’arrêt du traitement."
Les "victimes" se regroupent sur les réseaux sociaux
Les résultats complets de l'étude menée par l'Assurance maladie sont à venir et d'autres réunions du comité doivent avoir lieu. Pour l'heure, aucune estimation du nombre de femmes concernées par ce problème n'a été communiquée. De leur côté, les "victimes" d'Androcur commencent à se réunir via des groupes sur les réseaux sociaux, à l'instar de "Méningiomes sous ANDROCUR", qui comptabilise déjà 53 membres et entend bien "faire savoir aux patients les dégâts de ce médicament". Affaire à suivre.