La vente de muguet ne se fera pas chez les fleuristes
Publié : 22 avril 2020 à 8h20 par La rédaction
Uu muguet sans vente à la sauvette ni fleuristes: la tradition du 1er mai devra s’adapter à la crise sanitaire, a prévenu mardi le ministre de l’Agriculture, au grand dam des fleuristes et des horticulteurs. "Les fleuristes semblent être les grands oubliés du 1er mai", se désole Florent Moreau, président de la fédération française des artisans fleuristes (FFAF), après que Didier Guillaume a annoncé que "les fleuristes n’ouvriront pas" pour la fête du Travail.
Toutefois, "la vente par correspondance peut exister, comme le drive", a dit le ministre. Et les fleuristes pourront "vendre du muguet par livraison ou par retrait de commande", a précisé ensuite son ministère. Par ailleurs, "on pourra trouver du muguet dans tous les magasins qui sont ouverts" dans le contexte du confinement car jugés essentiels, a ajouté le ministre à l’antenne d’Europe 1, citant en exemple "une boulangerie".
Chacun son métier !
Cette dernière déclaration suscite l’indignation de Florent Moreau. "En aucun cas, un buraliste, un boucher ou un boulanger ne peut vendre du muguet", s’exclame-t-il : "chacun son métier !". Une position partagée par Mikaël Mercier, président de l’interprofession Val’hor qui regroupe toute la filière du végétal: "Je ne vois pas comment on peut vendre le muguet français sans les fleuristes". Avec cette décision, le président de la FFAF dit avoir l’impression que "le gouvernement ignore les fleuristes qui sont les acteurs principaux de la ventes du muguet". Il rappelle que d’habitude, ils représentent "un tiers des ventes".
En temps normal, durant le week-end du 1er mai, 31% des brins de muguet sont achetés chez un fleuriste, 25% en grande distribution, 11% sur un marché, 9% en jardinerie, 4% sur l’exploitation et 20% dans d’autres lieux, notamment dans la rue, selon le panéliste Kantar.
Pas de vente à la sauvette
Le président de la FFAF se réjouit tout de même de l’interdiction de la vente à la sauvette, elle aussi annoncée mardi matin par Didier Guillaume. "C'est une de nos demandes récurrentes depuis plusieurs années", explique Florent Moreau. La vente de muguet à la sauvette par des particuliers le 1er mai constitue habituellement une "tolérance" sur de petites quantités et sans installation de tréteaux par exemple.
Pour Gilles Pothier, fleuriste dans le 16e arrondissement de Paris, meilleur ouvrier de France et président d’Interflora, "la vente à la sauvette était une injustice totale. On est évidemment pas contre les associations où les enfants qui vendent un peu de muguet mais, ça devenait anarchique. On voyait des réseaux très organisés qui en profitaient pour s’affranchir de tout contrôle et de toute taxation."
Du muguet en drive ?
Dans la région nantaise, épicentre de la production de muguet en France, on regrette aussi que l’annonce du ministre arrive seulement dix jours avant la fête du Travail. "Là, c’est beaucoup trop tard. On s’est tous organisés et on est un certain nombre à avoir décidé de ne pas ramasser notre muguet, ou alors très peu", souligne Philippe Naulleau, président de la commission muguet au sein de la Fédération des maraîchers nantais. "On aurait peut-être pu s’adapter à ce type de vente (dans les magasins de type boulangerie, NDLR) mais il aurait fallu qu’on sache ça avant", regrette-t-il.
Gilles Pothier espère que ce sera "l’occasion de renouer avec les clients, même si c’est par téléphone". "On a déjà eu quelques demandes de clients, on sera a même de les livrer et on fera du drive (commande avec réception en voiture, NDLR), si besoin", raconte le fleuriste. Il espère qu’en plein milieu d’une période de confinement difficile, le 1er mai sera l’occasion de "faire plaisir et de se faire plaisir. Le muguet est le symbole du bonheur. Le bonheur, on est jamais contre, mais cette année on est particulièrement pour", s’exclame-t-il.