Île de Ré : la gendarmerie s'excuse après l'interdiction faite à un homme de se rendre au chevet de son père mourant

17 avril 2020 à 12h11 par La rédaction

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C'est une verbalisation au minimum non appropriée. La Gendarmerie nationale a exprimé ce jeudi ses "regrets" pour la verbalisation le 4 avril d'un homme qui voulait se rendre sur l'Ile de Ré au chevet de son père mourant.   Habitant en Loir-et-Cher, Patrice Dupas avait pris la route le 4 avril, muni d'une attestation dérogatoire de déplacement, pour voir son père en fin de vie. Mais contrôlé par des gendarmes à l'entrée du pont de l'île de Ré, il a été verbalisé et a dû faire demi-tour. Son père est décédé quelques jours plus tard sans qu'il ait pu le voir. 

"On m'a empêché de le revoir"

"On m'a empêché de le revoir. C'est anormal. Ce gendarme était quelqu'un de borné", s'était ému ce jeudi matin Patrice Dupas sur LCI. Il voulait "l'entendre me dire je t'aime", explique au Parisience vigneron installé à Saint-Romain-sur-Cher. "C'est sûrement très con, parce qu'il ne me l'a jamais dit. Il est d'une génération qui ne s'exprime pas beaucoup. Mais peut-être que là, il l'aurait fait", dit-il. 

"Une véritable incompréhension" selon la Gendarmerie nationale

Interrogée jeudi par l'AFP, la porte-parole de la Gendarmerie nationale Maddy Scheurer a reconnu que les gendarmes n'avaient "pas perçu le degré d'urgence" du déplacement de Patrice Dupas. "Il y a eu une véritable incompréhension. C'est malheureux. Nous le regrettons et nous comprenons sa peine", a ajouté la porte-parole.  "Le gendarme qui a contrôlé Patrice Dupas s'est appuyé sur la note de bas de page de l'attestation, qui demande un document permettant de justifier le motif dérogatoire. Sur le plan réglementaire, il est dans l'application stricte de la documentation. Néanmoins, nous demandons à nos patrouilles d'appliquer ces consignes de fermeté avec discernement", explique la gendarmerie nationale auprès du Parisien. 

La porte-parole a souligné que lors de ce premier week-end de vacances pascales, des consignes très strictes avaient été données aux forces de l'ordre pour contrôler le respect des règles de confinement. Depuis le début du confinement, la gendarmerie a procédé à 120 000 contrôles dans ce département de Charente-Maritime dont 7000 uniquement lors de ce week-end-là, a relevé Maddy Scheurer. 

"L'abus de droit d'un gendarme"

Patrice Dupas a saisi l'Inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN) le 6 avril. Une "réponse" sera "donnée rapidement", a poursuivi la porte-parole en précisant que la gendarmerie avait fait les démarches nécessaires pour annuler la contravention. Depuis, la gendarmerie a en outre pris contact avec Patrice Dupas pour comprendre ce qu'il s'était passé.  "Je ne suis pas anti-forces de l'ordre, loin de là. Je n'ai pas de haine. Mais je n'ai pas pu dire adieu à mon père, à cause de l'abus de droit d'un gendarme. J'attends au moins un retour de l'IGGN et, surtout, des excuses", détaille Patrice Dupas au Parisien.