À Toulouse, des squatteurs changent les serrures de la maison d'un octogénaire

11 février 2021 à 9h35 par FARGIER Emilie

RADIO STAR

Depuis septembre, Roland L., 88 ans, est aux prises avec des squatteurs installés chez lui à Toulouse, alors même qu'il souhaite vendre la maison pour rejoindre sa femme, installée dans une maison de retraite d'un département voisin. Roland partageait jusque-là son quotidien entre sa maison toulousaine et un appartement loué auprès de l'EHPAD de son épouse. Fatigué et souhaitant s'installer durablement auprès d'elle, le propriétaire envisage de vendre cette maison de famille, dans laquelle il a lui-même grandi puis fondé sa famille. Une cession qui est la condition financière à son arrivée dans l'établissement de retraite.

Mais en septembre dernier, le retraité constate l'installation de quatre squatteurs, qui ont changé les serrures de l'habitation. Jusque-là, il passait régulièrement se reposer et entretenir la maison, souligne La Dépêche du Midi , journal duquel il était d'ailleurs salarié. Depuis, impossible d'entamer une quelconque action de délogement. Interrogé par Le Figaro, le cabinet d'Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, dit avoir "pris connaissance dès hier du cas de cette personne âgée". "Nous sommes entrés en contact avec la famille, pour trouver une solution", ajoute le ministère, qui évoque une possible indemnisation parmi les pistes de soutien envisagées.

Le juge n'a pas retenu le caractère d'urgence de l'évacuation

Le juge en charge du dossier a considéré que la maison squattée n'était plus la résidence principale du propriétaire, et a accordé le bénéfice de la trêve hivernale aux squatteurs. Il n'a également pas retenu le caractère d'urgence de l'évacuation forcée de la maison, compte tenu du fait que la vente de celle-ci ne soit pas imminente... Et bien que les squatteurs la compromettent désormais. Enfin, la justice aurait considéré que la situation financière du couple permettait de financer la maison de retraite, en tout cas pour madame L. Le propriétaire de la maison n'aurait pas fait appel de la décision.

Cette année, en raison de la crise sanitaire, la trêve hivernale court d'ailleurs presque jusqu'à l'été : les expulsions ne pourront être envisagées qu'à partir du 1er juin 2021, et non du 1er avril. «Je ne sais pas comment je vais faire si au mois de juin ces messieurs ne s'en vont pas et si je ne peux pas vendre la maison. J'aimerais finir mes jours auprès de mon épouse, depuis 65 ans qu'on est ensemble, vous vous rendez compte», témoignait ce lundi matin Roland auprès de RTL.

Invité à réagir, l'entourage de la ministre n'a pas souhaité commenter la décision de justice mais rappelle que «la loi ASAP qui protège mieux les propriétaires de résidences secondaires a été promulguée le 7 décembre, soit après la plainte de Roland L.. Mais il est également important de rappeler que la trêve hivernale ne s'applique pas nécessairement aux situations de squats», souligne le cabinet. En revanche, le ministère dit s'en tenir à la promesse d'Emmanuelle Wargon : «pas d'évacuation sans relogement ou hébergement».