Non, le Ricard, le Nutella ou le Coca Cola ne vont pas vraiment augmenter de 10 % au 1er février

Publié : 28 janvier 2019 à 11h00 par La rédaction

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Alerte sur les prix des produits alimentaires ? "Une nouvelle loi" du gouvernement va faire augmenter de "10 % » les tarifs de « centaines d’articles" en grande surface à partir du mois de février, à croire une rumeur populaire sur Facebook ces derniers jours. Mais ces publications, qui citent notamment le prix de la bouteille de Ricard ou celui du café, déforment largement la réalité. Explications.

Ce que dit la rumeur

Tout est parti d’un cliché présenté comme ayant été pris dans le magasin E. Leclerc de Lanester (Morbihan) – contacté, le magasin n’a pas, pour l’heure, donné suite à aux sollicitations. A l’image, on voit une pancarte dénonçant :
"Le litre de Ricard se vendait à 18,22 euros, et passera à 20,02 euros"
"Le café Carte Noire se vendait à 5,69 euros et passera à 6,26 euros".

Alors, "pourquoi la presse reste-t-elle silencieuse ?", conclut la pancarte. Cette publication a été partagée environ 8 000 fois en deux jours sur le groupe Facebook Gilet jaune : Lorient 56 BZH. Il a également été publié sur de nombreux autres groupes et pages, et même repris dans des forums de discussion.

1. Pas de "hausse de 10 % des prix", mais un encadrement des marges des distributeurs

Cette pancarte ne précise pas de quelle "nouvelle loi" il serait question. Et, de fait, aucune hausse de taxes sur les boissons alcoolisées ou le café n’est prévue pour février 2019. En revanche, un nouveau règlement qui concerne les produits alimentaires entrera bien en vigueur à la date du 1er février 2019. Il s’agit d’une disposition de la loi du 30 octobre 2018 sur l’agriculture et l’alimentation (EGalim), qui a notamment pour objectif de mieux rémunérer les agriculteurs.

2. La quasi-totalité des marges sont déjà supérieures à 10 %

Le ministère de l’agriculture assure même que l’opération sera au final indolore ou presque pour le consommateur, car les marges des 93 % des produits restants auront vocation à baisser en contrepartie. Ce qui – et c’est tout l’enjeu de la loi – permettrait dès lors de "rééquilibrer les marges des distributeurs" en les rendant plus homogènes d’un produit à l’autre, et en donnant du champ pour mieux rémunérer les agriculteurs.

3. Ce qui est fini, c’est le Ricard à prix coûtant

Pour bien comprendre les contraintes de prix introduites par la loi EGalim, revenons-en à cette bouteille de Ricard d’un litre, vendue jusqu’à présent à 18,22 euros à en croire la rumeur. Dans cet exemple, soigneusement choisi par la personne qui a conçu la pancarte, la boisson alcoolisée serait vendue à prix coûtant par le distributeur, sans aucune marge. C’est-à-dire que celui-ci ne fait aucun bénéfice dessus, l’utilisant comme produit d’appel.

C’est dans ce cas de figure que la loi EGalim intervient : désormais, le "petit jaune", comme n’importe quel produit alimentaire, devra faire l’objet d’une marge de 10 %, ce qui fera passer son prix à 20,02 euros. Une hausse de prix de 10 %, donc, mais qui ne concernerait que 7 % des produits. Le raisonnement est identique pour le paquet de café à 5,69 : une telle hausse de 10 % ne peut être observée que dans le cas d’un produit vendu jusqu’à présent sans marge du distributeur.

A l’inverse, les 93 % des produits restants (par exemple, l’écrasante majorité des fruits et des légumes) sont vendus avec des marges qui dépassent les 10 %. La loi EGalim n’entraînera aucune hausse des prix pour ces produits, et même une légère baisse, espère le gouvernement.