L'homme a provoqué la disparition de 68% des animaux sauvages en l'espace de 50 ans

10 septembre 2020 à 7h35 par La rédaction

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Entre 1970 et 2016, 68 % de cette faune sauvage a disparu, selon l’Indice planète vivante, outil de référence publié tous les deux ans par le WWF. La cause principale est la destruction d’habitats naturels, notamment pour l’agriculture, une tendance qui risque de favoriser de nouvelles pandémies du type Covid-19 en mettant au contact humains et animaux, ce qui favorise la transmission de virus d’espèce à espèce.

Cet indice, compilé en coopération avec la Société zoologique de Londres, prend en compte environ 4 000 espèces de vertébrés, répartis en quelque 21 000 populations d’animaux à travers le monde. Il enregistre une nouvelle accélération de la chute de biodiversité, qui s’établissait à 60 % lors du dernier rapport en 2018 (période 1970/2014). "Depuis 30 ans nous voyons la chute s’accélérer et ça continue dans la mauvaise direction", résume Marco Lambertini, directeur mondial du WWF. "Nous assistons à la destruction de la nature par l’humanité. (…) De fait, c’est un écocide". Le tout "à la vitesse de l’éclair par rapport aux millions d’années depuis lesquelles de nombreuses espèces vivent sur cette planète". Résultat selon Marco Lambertini : "Tous les voyants de notre planète sont au rouge avec le message : échec système".

Un monde transformé

Car depuis 50 ans, "notre monde a été transformé par une explosion du commerce mondial, de la consommation et de la croissance de la population humaine", souligne le rapport. Mais ces changements, notamment la déforestation à des fins agricoles, "ont eu un coût énorme sur la nature" et l’humanité dépasse désormais chaque année son "budget biologique", consommant plus que les capacités de régénération de la Terre.

S’y ajoutent les effets attendus du réchauffement climatique, qui modifie lui aussi les habitats naturels et met jusqu’à 20 % des espèces sauvages en danger d’extinction d’ici la fin du siècle. Comme les roussettes ou renards volants, parmi les plus grandes chauves-souris au monde, dont les populations subissent des hécatombes en Australie du fait des sécheresses et canicules récurrentes. Les pertes montent à 84 % pour les espèces d’eau douce (poissons, oiseaux, amphibiens, mammifères…).

Et le rapport Planète vivante s’accompagne cette année d’une lueur d’espoir, avec la parution simultanée d’une étude réalisée avec une quarantaine d’autres ONG et instituts de recherche. Intitulée "Infléchir la courbe" et publiée également jeudi dans la revue Nature, elle modélise une série de scénarios d’actions possibles, pour préserver la nature ou les espèces, mais aussi réduire l’empreinte de la production agricole ou de la consommation humaine, notamment de produits issus de l’élevage animal.

Mais il y a urgence, insiste David Leclère, principal auteur de cette étude et chercheur à l’International institute for applied system analysis (IIASA). "Tout retard dans l’action entrainera de nouvelles pertes de biodiversité". Or les écosystèmes ont des "points de non retour" au-delà desquels ils ne se rétablissent plus. Et une espèce qui disparait le fait "pour toujours".